Fistule anale
Abcès de la marge et fistule anale
Les abcès de la marge anale ont pour origine une infection des petites glandes situées au sommet du canal anal. Cette infection va progressivement diffuser vers l’extérieur, à travers le sphincter. Elle peut constituer un abcès (poche de pus) ou s’extérioriser directement à la peau. Ce « tunnel » constitue le trajet fistuleux. Une fistule est donc une communication anormale entre le haut du canal anal et l’extérieur de la région anale. Il existe des cas plus rares de trajets multiples. Le chirurgien vous demandera alors une IRM pelvienne pour mieux les repérer.
Le risque est l’évolution vers un abcès (douleur importante et fièvre), une diffusion de l’infection voire une septicémie ou une gangrène. Seule une intervention peut guérir une fistule. Les antibiotiques n’ont aucune action sur le trajet anormal, ils ne font que contenir l’infection.
Le but est de repérer le trajet puis de le supprimer. On parle de « mise à plat ». Si le trajet est peu profond et qu’il n’intéresse que très peu le sphincter, on transforme le tunnel en une tranchée en ouvrant le trajet en dedans du sphincter. On parle de mise à plat en 1 temps.
A l’inverse, si le trajet est profond et traverse une partie importante du sphincter, il n’est pas possible de faire la section en une fois compte tenu des risques sur la continence.
On procède alors en plusieurs fois. On glisse un élastique ou des fils dans le trajet. On effectue un serrage de ce dispositif sous anesthésie générale ou loco-régionale, le plus souvent une fois par semaine, en ambulatoire. On amène ainsi progressivement le trajet vers la surface, tout en laissant le temps à la cicatrisation de se faire en profondeur. Cette technique a un recul très ancien. C’est la plus efficace.
Il existe des techniques alternatives d’obturation du trajet soit par de la colle, soit en réalisant un volet de fermeture. Elles ne sont utilisées que dans des cas particuliers et ont généralement un taux moindre de réussite.
Cette intervention est réalisée le plus souvent en chirurgie ambulatoire (pas de nuit à la clinique). Les douleurs sont généralement modérées, en tous cas bien inférieures à celles d’un abcès. Des soins locaux sont nécessaires après chaque selle à type de douche locale. Il faut bien sécher ensuite, au mieux en ayant recours à un sèche-cheveux. La présence éventuelle de fils ou d’un élastique ne doit pas modifier les modalités d’exonération. Le dispositif doit être respecté jusqu’à l’ablation par le chirurgien ou sa chute spontanée. On conseille le maintien d’une petite compresse roulée entre les fesses, le temps de la cicatrisation, pour éviter au maximum les phénomènes de macération. Les suintements et de petites pertes sanglantes sont tout à fait habituelles tant que la cicatrisation n’est pas totalement obtenue. Le chirurgien vous prescrira un produit pour ramollir les selles. Vous ne devez pas modifier votre alimentation pour ne pas modifier votre transit qui doit rester régulier.
Une rétention urinaire (vessie qui ne se vide pas) est toujours possible dans les suites immédiates et nécessite rarement un sondage urinaire. Comme dit plus haut, il faut éviter la constipation par une alimentation inchangée et le recours à des facilitateurs du transit.
Des troubles secondaires de la continence sont possibles surtout en cas d’antécédents tels que diarrhée chronique, colopathie fonctionnelle, accouchement difficile, autres gestes sur la région anale. Ces données sont prises en considération au départ par votre chirurgien pour le choix de la technique utilisée et la fréquence des gestes de serrage. Une cicatrisation disgracieuse est parfois observée ainsi que le développement de replis cutanés réactionnels (marisques) mais ce ne sont pas à proprement parler des complications.